L'année d'après .Page No 19.

Publié le par gilbertilo

Si ce n'était la rancœur qui m'anime,je dirais que je suis un type chanceux. Désœuvré,oublié, je noircis les pages comme je le faisais au collège quand le cours me rasait jusqu'à la brûlure .

----------------------------------------------------------------------

Tiens prends çà dans ta gueule.Tu ne l'as pas vu arriver,fondant comme l'épervier sur sa proie la calotte s'abat sur ta tête de turc.Ah il est très fin le professeur de dessin."Je préfère t'en coller une plutôt que te mettre une colle".Tu te souviens de ce cours qui te parut si long.Pour une vue mal projetée te voilà sous les projecteurs,mais ce n'est pas la lumière qui fuse.Redoublant,tu n'es qu'un redoublant en perte de vitesse,un décrocheur.A en croire la prophétie de ces professeurs à la science infuse tu finiras sur voie de garage.Toi tu aimerais que leurs consciences infusent,que les cartes soient rebattues.Seul le doute fait avancer ,tu liras cela plus tard.Il te semble aujourd'hui qu'il n'ait jamais assailli cette citadelle qui entravait ta liberté!

Deux cent dix par deux cent quatre vingt dix-sept,ton avenir en format A4.Voilà tes limites sont fixées.Tu ne dois pas déborder.Tout ce que l'on te demande,c'est de faire des projections sur le papier,sur ta planche à dessin,sur ton pupitre,dans cette classe ,dans ce collège,non pas te perdre en conjectures.Allons bougre d'âne!Ici il n'y a que le bâton,la carotte ce sera pour plus tard quand tu sortiras de ce cycle,enrôlé dans le cercle infernal du profit.

Des projections sur du papier Canson cent-soixante grammes,et alors!!Le nouveau prof,celui qui roule les épaules,celui qui roule en R8 Gordini,sièges baquets,jantes larges et tout le tralala.Gants de cuir ajourés pour une conduite sportive,petit blazer bleu marine,un type très smart.Cela vous change des anciens planplan.L'apparence n'est que l'apparence ,un prof reste un prof et celui-ci comme les autres vous marque à la culotte.Le cadre reste le cadre;deux cent-dix par deux cent quatre vingt dix-sept.Mais les projections,le cartouche et la nomenclature çà te laisse froid.Alors sous la table tu as ouvert ton cahier à fantasmes.Tu es en montagne,un violent orage t'a poussé dans un refuge,une bâtisse rudimentaire.Ton imagination d'adolescent brûle les étapes,tu fais l'amour dans le foin à une superbe blonde deux fois plus âgée que toi.Te voilà handicapé,un nouveau membre s'est invité au club des poètes.Tiens prends çà dans ta gueule,tu ne l'as pas vu venir.Adieu ma belle ,ton rêve se déchire et finit à la poubelle.Tant qu'à être découvert,tu aurais aimé qu'il lise,au moins qu'il sache!Certes les lignes droites tirées à la règle t'indisposent et te barbarisent,mais nom d'un chien ton esprit est ailleurs!Bah tous ces culs carrés ,omnipotents de l'académie,ces rabâcheurs aiment-ils donc à ce point les papiers mâchés et remâchés!!

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article